Expo : Wilfredo Lam – Un surréaliste Caribéen
Que fait l’enfant cubain d’une créole et d’un chinois, après une guerre nationaliste et un exil à Paris?
On dirait presque une mauvaise blague de potache, mais c’est un peu ce que m’a inspiré la dernière Exposition sur Wilfredo Lam au Centre Pompidou.
Je ne me suis pas formalisée de la muséographie presque inexistante (faut bien vendre des audioguides…), car elle m’a permis un voyage intérieur dont je ne me remets que maintenant.
Certes, dans mes jeunes années, au détour du chapitre sur les surréalistes où même lors de mes visites au musée, j’avais déjà eu l’occasion de croiser ce nom, et ces oeuvres. Mais c’est en découvrant le tableau « La jungla » , trônant au milieu de la salle d’exposition que mon coeur est descendu dans mes talons…Elle est là ! La diablesse!
Ces êtres verts aux énormes pieds et au visage végétal, organique qui se confondent dans le champs de canne. Ce sont eux , les drôles de diables qui hantaient mes rêves d’enfants.
Voilà à mon sens la vraie découverte de l’exposition : surréaliste, d’avant-garde, politique, oui Wilfredo Lam l’était. Européen, américain, caribéen…Créole surtout, en fin de compte !
J’ai aimé : les calebasses colorées, les céramiques toutes tordues et les toiles qu’il a peintes à Cuba. Chauvine comme je suis, j’ai souri en voyant sa petite carte postale de Martinique, représentant les vanniers du Morne des Esses et où il a griffonné une feuille de balisier et une bouteille récupérée dans les décombres de Saint Pierre.
A tout cela fait écho le texte d’André Breton en 1946, venu rendre visite à son ami installé là bas.
La nuit en Haïti les fées noires successives portent à sept centimètres au-dessus des yeux les pirogues du Zambèze, les feux synchrones des mornes, les clochers surmontés d’un combat de coqs et les rêves d’éden qui s’ébrouent effrontément autour de la désintégration atomique. C’est à leurs pieds que Wilfredo Lam installe son » vêver « , c’est-à-dire la merveilleuse et toujours changeante lueur tombant des vitraux invraisemblablement ouvragés de la nature tropicale sur un esprit libéré de toute influence et prédestiné à faire surgir de cette lueur les images des dieux.
Cette liberté m’a beaucoup touchée et inspirée, je vous invite donc si vous le pouvez à vivre aussi votre expérience au Centre Pompidou jusqu’au 15 février.