Peaux Noires à l’Aquarelle : le Maestro Josep Tapiro
Pour ceux d’entre vous qui se rendent à Barcelone, entre un bain de mer et un verre de sangria nous vous invitons à jeter un œil à l’Exposition Tapiro, visible jusqu’au 17 septembre.
Elle s’inscrit dans la démarche actuelle du Musée National d’Art de Catalogne qui essaie à la fois de revendiquer et se réapproprier les œuvres des artistes catalans mais aussi de proposer une lecture de l’orientalisme puisque l’exotisme est au centre des esprits depuis la fin du XIXe siècle.
Un amoureux de l’Afrique
Premier peintre espagnol à s’installer à Tanger ou « la porte de l’Afrique » comme on l’appelle à l’époque, Josep Tapiro part alors qu’il est un peintre reconnu et établi en Europe. Il y vivra jusqu’à la fin de sa vie, s’attachant à retranscrire avec rigueur et précision le quotidien de cette ville coloniale et de ses habitants.
Il réussit le tour de force de s’intégrer à toutes les composantes de la société : les édiles musulmans, les juifs de la cité et la communauté d’occidentaux expatriés ou de passage. Il va jusqu’à se déguiser afin de peindre le portrait d’une jeune promise en pleine préparation.
Rupture avec le rêve oriental
La seconde moitié du XIXe siècle est marqué par un orientalisme romantique, fortement alimenté par la littérature : des artistes comme Eugène Delacroix, Ingres, David Roberts, Fromentin ou Decamps créent le “rêve oriental”. C’est un univers à la fois cruel et sensuel, violent et mystérieux. C’est la réponse aux bouleversements d’une société européenne marquée par la Révolution Industrielle.
A l’inverse Tapiro fait preuve de rigueur documentaire et la recherche de l’authenticité. Ainsi à côté de la jeune mariée en costume on retrouve le portrait d’un activiste musulman anticolonialiste. Loin de l’imaginaire il s’attache à retranscrire l’Autre, tel qu’il est, et pour l’époque c’est inédit. Ce monde est le sien , il en fait son sujet principal, sa passion, et il le peint de l’intérieur.
Enfin, c’est une exposition à voir car l’essentiel de ces oeuvres font partie de collections privées, prêtées pour l’occasion.
Le « plus » de la caribéenne passionnée d’aquarelle :
La précision du trait , les tissus sont plus vrais que nature et les bijoux semblent sortir du papier. Et bien sur mention spéciale au traitement des peaux sombres, sur tout leur spectre chromatique. Quelle technique !
Josep Tapiro : Pintor de Tanger du 17/04/2014 au 14/09/2014 au MNAC
Pour en savoir plus : un article en espagnol qui revoit en détail la vie de l’artiste
joelle
août 18, 2014 at 12:31 (10 années ago)Enthousiasme et émotion . Tapiro sait partager l’amour de son sujet. Nous sommes loin des rôles secondaires et des représentations habituelles du « noir » en Europe ( serviteur, page, roi mage…)
La technique de l’aquarelle est totalement maîtrisée Chapeau bas.