On y était : La visite de la Tour Paris 13
Le mois d’octobre est déjà bien entamé et Paris revêt son manteau d’automne petit à petit. Heureusement il reste encore un peu de couleur à la capitale, et vous en trouverez un véritable concentré au quai d’Austerlitz. Nous y étions, et nous vous racontons.
Lorsque Paris se berlinise ça donne sept heures de queue dans le froid pour une heure d’émerveillement continu. Suivant le concept allemand de la ville reine du street art, la mairie du 13e propose la visite d’un lieu d’exception : un immeuble désaffecté de 9 étages, quatre appartements par niveau, investis par 80 artistes français et étrangers. Après une résidence de 7 mois leur travail est visible durant tout le mois d’octobre pour des horaires de visite échelonnés de 12 à 20h.
Donner au street art ses lettres de noblesse
Une exposition d’une telle ampleur est une première en France, surtout en ce qui concerne Paris intramuros. Une expérience similaire a été tentée entre janvier et avril 2013, dans le cadre de la réhabilitation des Bains Douches parisiens. Hélas ce projet, qui a tout de même le mérite d’avoir valorisé le travail des artistes de rue, avait pour principal défaut de confisquer au graff sa vocation première : la vulgarisation.
En restreignant l’accès aux seuls photographes, c’est aussi l’essence de cette expression artistique qui s’est retrouvée emprisonnée dans les carcans d’un élitisme artificiel.
C’est cet écueil que la Galerie Itinérance tente d’éviter en permettant la visite, par groupes restreints de 49 personnes, mais à entrée libre. Chacun peut s’imprégner de l’univers des différents graffeurs à son rythme et prendre le temps d’admirer des œuvres aussi surprenantes les unes que les autres.
Le temple du graff
Si certains artistes ont préféré le confort de leur médium habituel, d’autres n’ont pas hésité à proposer une véritable muséographie : les installations d’art contemporain côtoient des parcours contés en images. L’art explose littéralement dans les appartements, il casse les murs, éclate les planchers.
On découvre des techniques inédites, comme la 3D organique qui consiste a mélanger les éléments de l’immeuble (le papier peint, les tuyauteries ) avec la peinture afin de réaliser un trompe l’œil plus vrai que nature.
L’expérience de visite est une aventure en soi. Au programme: enjamber les gravats, regarder par les trous dans les murs ou marcher sur la pointe des pieds pour ne pas enfoncer davantage le parquet vermoulu.
Voici un petit aperçu de mes favoris
Alterner virtuel et réel : prolonger l’expérience
Les parisiens le savent, l’exposition a suscité un engouement inattendu, et ininterrompu. Néanmoins, la véritable innovation se trouve dans la démarche d’appropriation permise par la version digitale de l’exposition. Ainsi les non francilliens, ou simplement les gens qui ont une vie et ne peuvent pas se permettre de faire entre 3 et 7 heures de queue, seront heureux de retrouver une galerie virtuelle qui en plus de permettre la visite de la tour, permet aux visiteurs de choisir les œuvres qui leur plaisent le plus et de sécuriser leur présence sur le site qui survivra à la tour, dès le mois de novembre. A propos, n’oubliez pas de voter jusqu’au 11 novembre !
Au final l’exposition propose un véritable SAV : des goodies, un making off, et une visite virtuelle sans oublier tout l’aspect social media qui permet à chacun de dialoguer avec la galerie sur les réseaux sociaux.
A signaler tout de même que l’accès au site en version flash est laborieux, de quoi tester votre patience et votre amour de l’art. On regrette le manque d’ergonomie qui rend très difficile l’accès aux oeuvres et aux artistes. Néanmoins c’est le seul bémol que j’ai à poser.
En définitive, l’initiative séduit par sa volonté de sortir l’art de rue…de la rue justement, de nos appartements à nos écrans, c’est une belle aventure qu’il entreprend sans pour autant faire de concessions.
Les plus
La cave, point final époustouflant.
L’expo virtuelle pour ne rien rater, ou si comme pour moi, une heure de visite vous a semblé insuffisant.
L’entrée gratuite.
L’aspect éphémère.
La réappropriation et la valorisation du street art par les pouvoirs publics.
Les moins
Les longues heures d’attente.
La brièveté de la visite.
Les fous du réflex qui râlent parce que ton oreille apparaît dans le coin de leur photo.
Nos conseils
En réel : prévoir d’arriver à 10h pour rentrer à midi, si vous arrivez après 15h, faites demi tour
En virtuel : s’armer de patience pour naviguer sur le site, peu intuitif et très lourd à charger (mon ordinateur a souffert)
Infos pratiques
Tour Paris 13, 5 rue Fulton, Paris 13e (jusqu’au 31 octobre, de 12h à 20h)
Métro Quai de la Gare ligne 6
La galerie virtuelle de la Tour Paris 13
Le projet les bains, résidence d’artistes
Le projet de la mairie du 13e : un parcours street art
N’hésitez pas à faire la visite en ligne, saurez vous y retrouver les artistes du coup de coeur?
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