Autour de Derek Walcott
Nous avons placé cette saison de l’Atelier de Joyce sur le thème de la mer. Nous présentons ici celui qui a su le mieux en cerner la complexité symbolique, et qui nous a inspiré dans ce choix.
Ecrivain et poète, originaire de Sainte Lucie , il naît à Castries en 1930. Il fait ses études à l’Université des West-Indies à Kingston (Jamaïque), et exerce les métiers de journaliste, écrivain et metteur en scène à Trinidad, où il fonde le Trinidad Theatre Workshop, avant de partir enseigner à l’Université de Boston. Il obtient le Prix Nobel de Littérature en 1992.
Un écrivain universel venu des Petites Antilles
Poète , dramaturge, universitaire il a toujours exprimé son attachement profond à la Caraïbe. Il en propose une lecture riche, dont les conclusions trouvent leur écho dans le parcours personnel de chacun.
«Je ne suis qu’un nègre rouge qui aime la mer,
J’ai reçu une solide éducation coloniale,
J’ai du Hollandais en moi, du nègre, et de l’Anglais,
Et soit je ne suis personne, soit je suis une nation.»Derek Walcott « La mer est l’Histoire », The Star-Apple Kingdom, 1979
Alors qu’on lui reprochait de publier en anglais plutôt qu’en créole, il répond : « L’anglais est mon héritage linguistique, certainement pas mon héritage politique. Mon identité ne dépend pas de la langue que je parle. Personne ne peut me dire que je trahis les Caraïbes en parlant anglais ».
C’est ce dualisme permanent , entre le métier d’enseignant et la vie d’artiste ou son pays d’adoption et son île d’origine,qu’il explore dans son oeuvre. A l’exemple du poème « Sea grapes » (Raisins de mer), ou il rappelle le dilemne d’Ulysse déchiré entre sa passion pour Nausicaa et son devoir de retourner à Pénélope.
Un point de vue original, modelé par la créolité
Adepte du mélange, de la construction identitaire par l’agrégation des différentes entités qui nous définissent, c’est sa vision de la mer qui nous a séduit.
Au delà du tourisme, du loisir balnéaire et de son identification systématique à la définition du paradis sur Terre, la mer peut être dangereuse et imprévisible. Mieux, elle est un élément constitutif de notre Histoire.
Ainsi Dominique Aurélia analyse en ces termes la relation entre paysage et histoire chez Derek Walcott «l’océan devient le locus de l’intemporalité, du début et de la fin, le tombeau et le berceau, la source alternative de l’histoire dans le paysage ».
Pour aller plus loin
Dominique Aurélia, « La poétique du paysage chez Derek Walcott », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement, Hors-série 14 | septembre 2012.
Le discours d’acceptation du prix Nobel par Derek Walcott.
« Poetry is an Island » : un reportage, en anglais sur le poète.
A venir : une présentation thématique du poème « la mer et l’Histoire » à mettre en lien avec nos travaux de la saison.
Et vous, connaissiez vous cet auteur?Connaissez vous d’autres prix nobels originaires de la Caraïbe? A vos claviers !